La Chine rurale : Sichuan tibétain - partie 1 - Août 2012 -
La province du Sichuan a une géographie très hétérogène. Alors que l'est est plat et très fertile, fournissant une grande partie de la Chine en vivre, l'ouest est hostile avec un relief possèdant des sommets à plus de 5000 m d'altitude. Pourtant les habitants de ces paysages ne se sont pas contentés de l'élevage mais ont réussi à cultiver la terre malgré son relief accidenté et son climat rigoureux. Les moindres plateaux ont été cultivés avec de l'orge, des pommes de terre et du maïs. Quand la pente se faisait trop forte, des terrasses ont été construites conduisant parfois les paysans à arracher des terres aux montagnes jusqu'en leur sommet. Pour l'irrigation, l'eau est abondante notamment lors de la fonte des neiges, mais très irrégulière avec des torrents qui se déchainent emportant tout sur leur passage. La mécanisation est quasiment inexistante du fait de la petite taille des parcelles et de leur accessibilité. Le labour se fait encore à l'araire et le fauchage de l'orge à la faucille. Néanmoins certaines zones suffisamment plates accueillent des champs plus grands gérés à la moissonneuse-batteuse. Le maraîchage complète ces cultures pendant la bonne saison. Les maisons sont équipées de greniers importants pour le fourrage et la semence nécessaire à la replantation.
l'agriculture des montagnes du Sichuan
Au-delà de 4000 m, l'hiver est trop rude et l'été trop court pour cultiver autre chose que de l'orge. On entre alors dans le domaine des éleveurs installés dans la région via des migrations répétées en provenance du Tibet. Ici on parle uniquement tibétain et le mandarin est utilisé uniquement pour le commerce. C'est un peuple de cavalier, qui a troqué pour beaucoup leurs chevaux contre des motos, pourtant on peut encore croiser de petits chevaux au galop avec leurs cavaliers. L'élevage des chevaux est par contre toujours très présent. Les juments sont traites et le tourisme équestre s'est développé. Les chevaux d'un village sont mis en gestion commune pour permettre leur location à un prix unique. Dans les alpages, on trouve les troupeaux de yaks et de dzo, résultat du croisement d'un yak et d'une vache. Les éleveurs s'installent une grande partie de l'année avec leurs troupeaux sous des tentes en poils de yaks. Les animaux sont traits deux fois par jour près des tentes. Le lait est transformé sur place en crème, yaourt fromage à pâte cuite et fromage séché. Ces produits sont redescendus quotidiennement en ville pour être vendus en boutique ou le long de la route. Le repas de ces semi-nomades est constitué des produits issus des yaks auquel vient s'ajouter de la Stampa: c'est une poudre d'orge que l'on mélange avec le thé de beurre de yak, pour en faire une boule compacte que l'on mange crue.
Les éleveurs de yaks
Les monastères bouddhistes sont très nombreux. Chaque village et bourg possède un ou plusieurs monastères. Les plus gros monastères comptent plusieurs milliers de moines et s'apparentent à des villages. A proximité du monastère sont édifiées des maisons individuelles pour chaque moine adulte. S'ajoute également des dortoirs au sein du monastère composés de petites cellules individuelles. Les enfants en formation dorment en dortoir. Les monastères fonctionnent à partir de dons des croyants. Ils sont en général riches et certains, comme à Bamay, financent des écoles pour la population locale. Leur influence localement est forte car en plus de l'argent, ils possèdent de nombreuses terres agricoles. De nombreux monastères sont récents ou en construction. La majorité des monastères font partie de l'école des "Bonnets Jaunes" ou Gelugpa liés au Dalaï-lama. L'activité des moines est consacrée à la prière, à la réalisation de mandalas et à l'enseignement. L'éducation des jeunes moines peut être rude et les punitions sont parfois archaïques. Sur les sommets qui entourent les monastères se déroulent des "cérémonies célestes", lors desquelles les morts sont découpés en morceaux et donnés à manger aux vautours. Cette pratique remonte à l'époque des zoroastriens, religion à l'origine de nombreuses religions actuelles, et rappelle la croyance en la réincarnation. Aujourd'hui, la vie de ces monastères subit l'influence de la modernisation. Les téléphones portables sonnent pendant les cérémonies, pendant que certains moines regardent la télévision une bonne partie de la journée. La répression du gouvernement chinois sur les monastères n'est pas visible dans les endroits où les touristes peuvent circuler. Cependant, certains monastères sont interdit aux touristes étrangers et certaines zones fermées pendant les fêtes religieuses.
Les monastères bouddhiste
La présence de ces nombreux monastères est une réponse à la demande toujours très importante des croyants pratiquants. On peut aussi se dire que la densité des monastères pérennisent et entretient cette foi. Leur foi s'apparente plus à une dévotion tellement elle constitue une activité importante de leur quotidien. La prière s'effectue chaque jour pendant plusieurs heures en tournant autour des monastères. Les enceintes des monastères possèdent des moulins à prières géants, que les fidèles font tourner au passage. Ils ont leur chapelet dans une main et parfois un moulin à prière en plus. Certains monastères sont de hauts lieux de pèlerinage et peuvent attirer des milliers de pèlerins. Des tailleurs de pierre, sculptent des ardoises avec des prières écrites en tibétain. Pendant l'été à lieu la "fête des fleurs", qui donnent lieu pendant un mois à des pèlerinage vers les monastères avec des cérémonies quotidiennes durant toute la journée et regroupant plusieurs centaines de croyants. Dans ces villages de pèlerinage, les collines avoisinantes sont recouvertes de milliers de drapeaux à prières de grandes tailles plantés sur des piquets en bois.